Plus de quatre ans après la sortie de son dernier album Smile, qui avait été remarqué par son échec critique et commercial, la pop star américaine Katy Perry signe ce vendredi 20 septembre 2024, son grand retour avec 143. Un revival voulu comme triomphal pour la chanteuse dont l’empreinte sur le monde de la pop s’estompe au fil du temps.
Bien loin de l’époque Teenage Dream, California Gurls et des show titanesques comme celui de la mi-temps du Super Bowl 2015 où elle chevauchait un gigantesque lion à facettes et dansait parmi des requins, ce nouvel album se distingue déjà par la ribambelle de critiques négatives et de polémiques à son égard. Et pour ici aussi, l’envol flamboyant du phénix Perry ne semble pas pour aujourd’hui.
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Des polémiques avant même la sortie de l’album
La « girl next door » aurait bien aimé revenir avec force et fracas dans l’industrie musicale, en rappelant sa suprématie, étant la seule femme à avoir eu 5 chansons d’un même album classé numéro un aux États-Unis. Mais sa reviviscence a été perturbé par un torrent de polémiques dont elle aurait bien aimé échapper. L’interprète de Firework est en effet accusé d’avoir tourné dans un territoire protégé des îles Baléares, le vidéoclip de Lifetimes, deuxième single de ce nouvel album, et ce sans autorisation. La police espagnole a même annoncé avoir ouvert une enquête, l’accusant de lourds dommages environnementaux.
Mais ce n’est pas tout, puisque quelques jours après la sortie de Woman’s World, la présence d’un nom dans les crédits de la chanson a irrité de nombreuses féministes et fans de la chanteuse Kesha. Katy Perry a décidé de collaborer de nouveau avec le réalisateur Dr Luke, après avoir été séparé durant deux albums.
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Un hymne féminisme qui se digère mal
“Sexy, confiante / Tellement intelligente / Elle est envoyée du ciel / Si douce, si forte”. Ces paroles, ouvrant l’album et provenant du single Woman’s World soulignent d’emblée une vision davantage stéréotypée que militante du féminisme. La femme y est réduite à des caractéristiques primaires et réductrices comme sa plastique parfaite ou son intelligence débordante. Une superficialité qui est d’autant plus visible dans le clip, qui ne fait qu’accentuer ces clichés sexistes. Katy Perry y apparaît en Rosie La Riveteuse version 2024, foulard rouge à pois dans les cheveux, en bikini, buvant du whisky et urinant debout avec ses compagnonnes.
Si la chanteuse se défend sur son compte Instagram, expliquant avoir voulu proposer une parodie “sarcastique” et “burlesque”, la maladresse du message a heurté de nombreux fans. Ils lui reprochent de capitaliser sur la lutte des femmes pour leurs droits, notamment en reprenant des symboles forts de leur combat et en les détournant grossièrement. Les gros plans sur les seins des différentes femmes dans le clip ne font qu’accroître cette impression de féminisme de façade, d’une sororité ne servant uniquement d’élément marketing, n’ayant aucune volonté de faire bouger les lignes.
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Un renouvellement impossible ?
Le septième album de Katy Perry est aussi remarqué par une certaine répétitivité, et un retour à la pop américaine de la fin des années 2000 qui est aujourd’hui dépassé. Des titres comme Crush ou All the Love paraissent déjà obsolètes, la chanteuse n’arrivant pas à recréer la recette magique qui lui a valu son succès il y a plus de quinze ans avec des titres comme I Kissed a Girl ou Hot n Cold.
Un manque d’originalité et de prise de risque qui est pointé par les premières critiques et décryptages de la presse. Le Los Angeles Times souligne une alchimie impossible entre l’album et l’industrie musicale actuelle “À 39 ans, Katy Perry a largement atteint l’âge où une pop star se heurte au désintérêt brutal d’une industrie musicale éternellement en quête de nouveauté et de jeunesse”, et qui est accentuée par le Irish Times, rappelant que la chanteuse a “terni sa couronne de reine de la pop autrefois immaculée”.
Une pop épuisée et désuète qui est vivement critiquée par le magazine Variety “l’album est plat, se reposant sur des cascades de clichés lyriques”, et n’hésitant pas à blâmer la responsabilité de la chanteuse dans cet échec, peinant “à insuffler à ses chansons une émotion convaincante”. Le pitchfork parle même d’une “catastrophe monumentale” tant sur le fond que sur la forme. Celle qui qualifiait ce nouveau projet de danse “emplie de bonheur, d’affection et de lumière” n’aura pas réussi à partager ces sentiments à son public, signant un retour plus que raté.
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Timoté Rivet
Crédit image : instagram Katy Perry