Carnets de voyage : Le récit d’un interrail en solo avec un appareil photo de Marine Laffitte
Entre lacs et montagnes, sortie de la zone de confort et retour à l’enfance, Marine Laffitte, étudiante en Sciences Humaines et photographe amatrice, nous partage, au fil de ses photographies, son expérience en Interrail à travers l’Europe de l’Est durant l’été 2024 . L’année de ses 18 ans, Marine, comme beaucoup de jeunes européens du même âge, a participé au concours DiscoverEU et gagné un pass Interrail qui lui a permis de partir à la découverte de l’Europe en train gratuitement. Équipée d’un grand sac de randonnée, ses fidèles chandales de randonnée et son Canon SX720 HS, elle a exploré en solitaire cinq pays d’Europe de l’Est en 18 jours. Partant de Marseille, elle est passée par la Suisse, l’Autriche, la Slovaquie, la Slovénie pour finir son périple à Trieste en Italie. Son récit de voyage, elle le raconte dans une série de photos qui illustrent ses aventures à travers son regard et son imaginaire. Nous vous proposons de le découvrir dans ce premier article de notre série d’interviews de voyageurs intitulée “Carnets de voyage”. Lac Léman à Vevey, Suisse Partir en interrail, ça implique de choisir un itinéraire de voyage qui sera plus ou moins unique à soi-même. Dans ton cas, on retrouve dans tes destinations de grandes villes mais également un bon nombre de lacs. Pourquoi ce choix ? ML: “ Je savais dès le début que je voulais voir des lacs. Déjà parce que j’aime la montagne et que les deux sont liés. Et parce que j’aime leurs couleurs, leurs reflets et le contraste du bleu de l’eau avec le vert vif du paysage. Puis je vis avec la mer toute l’année alors avoir de l’eau autour de moi c’est toujours un besoin haha ! Je suis une sirène ou pas en fait ? Avec cet interrail j’ai découvert une nouvelle manière de les aborder.” Hallstatt, Autriche Malgré les changements de villes réguliers, est-ce que tu dirais qu’une routine s’est installée dans ton quotidien de voyageuse ? ML: « Ce qui me faisait ressentir la routine, c’était en général l’heure à laquelle je me levais. Généralement 9h, pour avoir assez de sommeil pour me remettre de la veille et assez de temps pour explorer la journée. Ce qui participait aussi à un sentiment de routine, c’était l’étape de l’arrivée et du départ dans les auberges de jeunesse. Le départ, c’est toujours bien ranger les affaires éparpillées, vérifier que j’ai bien mon passeport et autres dans ma banane, rendre les clés, me rendre à la gare, prendre un nouveau train. Interrail veut dire beaucoup de trains et c’est aussi ça qui rythme le voyage et devient la routine. » Lucerne, Suisse Dans tes photos, il est impossible de rater ton intérêt pour les aires de jeux et des loisirs jeunesse. Quel était ton rapport avec l’univers de l’enfance pendant ce voyage si symbolique du passage à l’âge adulte ? ML: “En fait, pendant mon voyage, les parcs sont vraiment devenus un endroit pour prendre le temps pour moi. Je me posais sur les aires de jeux pour me reposer mais aussi pour m’amuser. Peut-être que c’est un sentiment propice au voyage mais j’étais très détachée de ma réalité, de mon âge, de mon quotidien. Je faisais ce que j’avais envie sans me soucier des conventions. J’ai fait de la tyrolienne, du toboggan et personne ne pouvait m’en empêcher ! C’était un peu comme combler mes envies d’enfant. » Depuis la muraille Museggmauer, Lucerne, Suisse Presque à la manière d’un reporter animalier, tu captures toujours les gens de loin et en mouvement et immortalise le quotidien d’anonymes sans jamais les interrompre. Quelles sont tes intentions quand tu photographies ces moments ? ML: “Je pense d’abord que c’est parce j’ai du mal à être en face de mon sujet quand je prends une photo. J’aime prendre de la distance, peut-être par timidité ou plutôt par pudeur. C’est aussi pour ça que j’utilise le zoom. Et, c’est un moyen de capturer la nature tout en exprimant mon imaginaire. Pour la photo de la personne à la fenêtre par exemple, j’avais l’impression de regarder une scène tout droit sortie du film Kiki la petite sorcière. C’est comme un jeu d’association. Je fonctionne beaucoup comme ça; j’aime associer mes photos à des mots.” Trieste Italie, réserve naturelle WWF Miramare N’était-ce pas un peu impressionnant de tout quitter et partir seul en voyage dans des pays que tu n’avais encore jamais visités ? Ou était-ce libérateur pour toi de quitter ainsi ta zone de confort et ta réalité ? ML: « C’était un voyage très libérateur à propos de se trouver soi-même je dirais. C’est une libération dans le fait d’agir et prendre des décisions uniquement par soi-même. Ça te permet, t’incite et même te force à suivre tes envies, t’écouter et faire preuve de spontanéité. A 18 ans, ça apprend à agir pour soi-même tout en incitant à faire des rencontres et sortir de son cocon. J’ai beaucoup ressenti le fait que ce voyage m’avait totalement éloigné de mon quotidien et de mon anxiété habituelle. Même quand j’étais dans des situations qui étaient stressantes et devaient me provoquer beaucoup d’anxiété, ce n’était pas du tout le cas. Je me rappelle que j’étais pas dans mon quotidien et c’était trop bien. Une expérience libératrice. » Tristes Italie Est-ce que tu as eu l’impression d’avoir évolué après ce voyage, d’avoir ressenti un sentiment de changement ? ML: “ Je crois que je ressentais plutôt un sentiment d’irréel, de nostalgie profonde. J’ai parcouru des distances immenses pendant une vingtaine de jours mais j’ai conscientisé tout ça qu’après. Sur le moment, on prend comme ça vient. Mais je sais que maintenant, quand il y a des situations compliquées, je me dis ‘je peux y arriver, j’ai géré en interrail’. Et il m’a ouvert à de nouvelles possibilités pour moi-même dans le futur. Depuis le parc de Bruno Weber je veux faire une table en céramique par exemple. Je serais aussi très contente de vivre à côté d’un lac et je veux