La cinquième aura été la bonne ! Après avoir vu la récompense lui échapper en 2010, 2015, 2017 et 2023, Beyoncé repart enfin avec le prix du meilleur album de l’année pour Cowboy Carter. Kendrick Lamar quant à lui rafle cinq Grammys pour sa diss track “Not like us”, devenant la chanson rap la plus récompensée de l’histoire de la cérémonie.
05h50 ce lundi 03 février 2025. Vêtue d’une magnifique robe Schiaparelli ornée de paillettes couleur champagne et crème, Beyoncé monte les marches de la Crypto.com Arena de Los Angeles. Sous une ovation triomphale, deux pompiers de la ville lui remettent le trophée de l’album de l’année, le seul qui manquait à sa carrière. “Je me sens très comblée et très honorée, déclame-t-elle très émue. Cela fait de très nombreuses années, j’espère que nous continuerons à aller de l’avant, à ouvrir des portes”.
“Je veux encourager les gens à faire ce qu’ils aiment”
Deux heures plus tôt, Beyoncé gagnait la meilleure performance country en duo avec Miley Cyrus pour “II Most Wanted” et le meilleur album country. Une récompense qui a provoqué le choc – un peu trop surjoué – de la principale intéressée, devenant un meme repris immédiatement sur les réseaux sociaux.
Sur scène, elle a délivré un long discours de remerciements aux artistes l’ayant accompagné sur Cowboy Carter, et d’espoir aux chanteurs en devenir. “Parfois le mot genre sert de code pour nous garder à notre place en tant qu’artistes. Mais je veux encourager les gens à faire ce qu’ils aiment et à rester persévérants ».
L’interprète de “Texas Hold’Em” devient ainsi la première femme noire à gagner le graal du meilleur album de l’année depuis Lauryn Hill en 1999, et la première artiste à remporter des Grammys dans cinq genres musicaux différents. Une persévérance dans une industrie musicale si conservatrice mise en lumière par le magazine Fortune au lendemain de la cérémonie. “Pour remporter le prix de l’album de l’année, Beyoncé a dû traverser cinq genres et atteindre le sommet de son art pendant deux décennies. Les Grammys demandent beaucoup moins aux autres artistes, mais Beyoncé et Cowboy Carter méritent leurs applaudissements, même si ils sont en retard”.
Autre grand gagnant de la soirée, le rappeur Kendrick Lamar remporte deux catégories maîtresses, celles de meilleure chanson et meilleur enregistrement de l’année. Et ce devant un public euphorique reprenant en choeur les paroles de son single “Not like us”, dans lequel il dénonce la pédophilie supposée de Drake. Avec ce triomphe, il réédite les prouesses réalisées en 2016 et 2018, lorsqu’il avait décroché cinq gramophones en une seule soirée.
Doechii, Charli XCX et Sabrina Carpenter gagnent leurs premiers Grammys
Mais les piliers de la musique américaine ne sont pas les seuls à avoir brillé lors de cette cérémonie. Côté rap, Doechii obtient son tout premier Grammy pour sa mixtape Alligator Bites Never Heal dans la catégorie meilleur album rap.
Durant la soirée, la rappeuse de 26 ans a enflammé la scène avec son medley de “Catfish” et “Denial Is a River”. Dans une ambiance électrisante, elle a délivré un show mêlant rap, spectacle et danse. Une performance largement acclamée dans la salle ou sur les réseaux sociaux, et classée par le Billboard magazine (et par moi aussi) comme la meilleure de la nuit.
Elle rejoint Lauryn Hill et Cardi B en tant que seules rappeuses féminines à gagner le meilleur album rap aux Grammys. Une consécration pour “la princesse des marécages”, qui a livré un discours émouvant et inspirant lors de la remise de son prix.
Côté pop enfin, une vague de fraîcheur féminine s’est déversée avec l’arrivée de nouveaux visages, ou d’anciens qui n’avaient pas encore eu de véritable reconnaissance. En plus de Chappell Roan et de Sabrina Carpenter, Charli XCX a rejoint le club assez fermé de détenteurs de Grammys, et ce plus de dix ans après être entrée dans l’industrie musicale. Celle qui a transformé la Crypto.com Arena en véritable rave avec sa performance de “Guess” et de “Von Dutch” – déversant au passage un torrent de sous-vêtements sur scène – a en effet gagné les prix de meilleur enregistrement pop-dance avec son morceau “Von Dutch”, meilleure pochette d’album et meilleur album dance-électro pour Brat.
Un palmarès diversifié et dans l’ensemble justifié – même si certains déclameront avec virulence le vol de Billie Eilish ou de Taylor Swift -, des performances spectaculaires, des discours emplis d’émotions et de revendications politiques ; cette cérémonie aura ainsi mélangé tous les ingrédients pour un show retentissant, bien que beaucoup trop long.
Timoté Rivet
Crédit images : instagram recordingacademy
